L’inspiration fondatrice de Sainte Émilie de Vialar est née de deux expériences spirituelles profondes et intenses qu’elle a vécues tôt dans sa vie. Ces expériences l’ont nourrie et formée alors qu’elle répondait aux dons que Dieu lui avait accordés pour fonder et diriger la Congrégation. Elle a, à son tour, partagé ces expériences avec ses Sœurs afin qu’elles puissent également les contempler, les vivre et les traduire en actions au sein de l’Église.
Ayant été attirée par le Mystère de l’Incarnation, elle a été appelée à contempler la révélation faite à Saint Joseph dans Matthieu 1:20-24.
Alors qu’il avait formé ce dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : » Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Or tout ceci advint pour que s’accomplît cet oracle prophétique du Seigneur Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l’appellera du nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : » Dieu avec nous « . Une fois réveillé, Joseph fit comme l’Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme. »
La réflexion d’Émilie sur ce texte scripturaire a été aidée par une œuvre artistique qu’elle a vue à Toulouse et dont elle a ensuite fait placer une copie dans la chapelle de Gaillac. Pour elle, saint Joseph offrait un chemin de silence, de simplicité et d’obéissance dans l’accomplissement de ce que Dieu lui demandait. Elle suivait elle-même un chemin similaire avec audace, courage et passion pour la gloire de Dieu. Son désir était de participer à l’œuvre salvatrice de Dieu pour l’humanité et, avec ses premières compagnes, elle était saisie de l’urgence d’être un signe vivant de l’amour de Dieu à travers des actions quotidiennes. Nommer l’Institut « Les Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition » confirme son désir de recevoir le mystère de l’Incarnation dans le silence et l’humilité, avec la devise « Dévouement jusqu’à la mort ».
Le deuxième événement fut une vision qu’elle reçut dans l’église Saint-Pierre de Gaillac, qu’elle décrivit dans son « Relation des grâces » en réponse à une demande de son directeur spirituel en 1848.
Soudain, je vis Jésus-Christ sur l’autel. Il était couché, la tête reposant du côté de l’Évangile et les pieds du côté de l’Épître. Les bras du Sauveur étaient étendus en forme de croix. Je pouvais distinguer son visage et ses cheveux tombant sur ses épaules ; je remarquai sur son cou une mèche de cheveux… Une ombre cachait une partie de son corps sacré, mais sa poitrine, son ventre, son côté et ses pieds étaient visibles – que ce soit aux yeux de mon âme ou à ceux de mon corps, je ne saurais le dire – mais aussi clair pour moi qu’une personne se tenant devant moi. Ce qui attira le plus mon regard furent les Saintes Plaies que je pouvais discerner très clairement… sur lesquelles je fixai mon attention.
Cette vision, avec ses connotations eucharistiques et dépeignant les souffrances de Jésus, a aidé Émilie à voir avec compassion les souffrances et les besoins subséquents de ceux qui l’entouraient, en tant que résultat de l’amour inconditionnel de Dieu pour tous les hommes.
Quel bonheur pour le cœur de se consacrer à rendre un autre heureux et à apporter du réconfort à l’humanité souffrante. (À M. de Vialar, 1853)
Il est devenu clair pour Émilie que la manière dont Jésus s’occupait des souffrances de l’humanité était celle qui libère et donne la vie. Par ses « œuvres de charité », elle a inspiré ses Sœurs à élever, éduquer et apporter du réconfort aux personnes, quelle que soit leur religion ou leur culture, en donnant la priorité aux sans-pouvoir et à ceux qui ne connaissaient pas le Christ.
Le Seigneur fait brûler en moi ce même feu qu’il a allumé il y a longtemps, et je me réjouis de cette grâce, car si Dieu ne soufflait pas sur moi l’esprit de zèle, mon cœur cesserait d’être animé et je ne pourrais plus rien faire. (à Fr Balitrand 1843)
Avec confiance dans la Providence divine et une attention à l’action de l’Esprit Saint, sa spiritualité était caractérisée par une manière de vivre pratique et simple. Elle a développé une réceptivité aux choses de Dieu où l’esprit de recollection inspirait ses actions. Cette prise de conscience continue de la présence de Dieu est ce qui l’animait dans l’exécution et le soutien de ses Sœurs dans leur vie missionnaire.
Sa manière de regarder et de percevoir la réalité de Dieu présente dans la société provenait d’un sentiment d’émerveillement et de gratitude pour l’Amour de Dieu. Sa spiritualité était également marquée par le don de soi, et sa manière de « discipleship » était constamment marquée par le sceau de la Croix. Pour elle, vivre l’Évangile et suivre la personne de Jésus se résume par la devise de la Congrégation : Dévouement jusqu’à la mort. En écrivant à l’une de ses Sœurs en 1840, elle a dit :
Mes Sœurs ont été et resteront toujours des filles de dévouement et de sacrifice. (A Sœur Pauline Gineste, 1849)
Aujourd’hui, ce charisme demeure pour les Sœurs un appel à participer à la mission du Christ en suivant le chemin tracé par sainte Émilie et à entrer dans le mouvement de l’Incarnation.